Déclaration de C. Héraud sur le budget primitif 2014 (Cenon)

Alors qu’il y a un an, nous discutions du budget 2013 dans le contexte du scandale de la fraude fiscale de Cahuzac, c’est un nouveau scandale qui vient aujourd’hui entacher la présidence Hollande et son gouvernement : Morelle, le conseiller spécial du président, l’artisan du remaniement ministériel et de la nomination de Valls, obligé de démissionner ! Haut fonctionnaire d’Etat pour les affaires sociales, il se faisait grassement et secrètement payer par les lobbies pharmaceutiques privés.
Un scandale de plus, qui finit de jeter le discrédit sur les milieux politiques, de gauche comme de droite, qui dans les hautes sphères de l’Etat sont acoquinés aux puissances de l’argent, servent leurs intérêts, en se servant au passage. Et ce sont ces mêmes profiteurs, valets des plus riches, qui nous expliquent qu’il faut se serrer la ceinture, qu’on n’a pas d’autre choix que l’austérité pour redresser les finances de l’Etat. Des finances publiques qu’eux-mêmes mettent à mal par les milliards de cadeaux aux grandes entreprises privées, qui creusent un déficit sans fin et alimentent la dette publique dont les intérêts sont devenus le plus gros poste budgétaire de l’Etat, pour le plus grand bénéfice des banques privées.
Il est là le véritable scandale : au-delà des appétits personnels des uns et des autres, c’est les 50 milliards que le gouvernement va prendre sur la collectivité (l’Etat lui-même, la sécu et les collectivités locales) pour continuer le gigantesque transfert des fonds publics vers les poches du patronat et des banques.
Les budgets des collectivités (qui perdront 10 milliards d’ici à 2017), et donc notre budget, à Cenon, s’inscrivent dans cette politique austéritaire, et cela veut dire, pour les classes populaires, quoiqu’en dise l’équipe municipale, moins de services publics, moins pour la santé, pour l’école… et une fiscalité qui pèse de plus en plus lourd sur les petits revenus.
Le budget 2014 de notre commune est un budget d’austérité qui ne peut pas répondre à l’urgence sociale pour les populations des quartiers populaires appauvries par la crise, la précarisation croissante avec les plans de licenciement et le chômage, en particulier celui des jeunes et des femmes…
La situation d’urgence sociale nécessiterait un budget de la commune qui permette d’aider la population et la jeunesse à faire face à la régression sociale. C’est-à-dire un budget décidé et voté démocratiquement, où la population pourrait elle-même décider des choix prioritaires pour elle, face à la baisse du pouvoir d’achat, au chômage, à la précarisation, aux difficultés du quotidien…
Bien sûr, l’urgence sociale ne peut se régler au niveau local. C’est une lutte nationale, et même européenne. Et il n’y a qu’une vaste mobilisation populaire qui pourrait imposer d’autres solutions à la crise que l’austérité et la concurrence entre les salariés et les peuples. Ce sont de vastes mobilisations populaires, comme celle du 12 avril dernier à Paris qui peuvent commencer à montrer la voie de la construction d’une opposition de gauche à ce gouvernement et à l’austérité. C’est cela qui pourra faire changer les choses.
Mais aucune lutte nationale ne peut s’organiser, converger, sans relais locaux, dans lesquels les Municipalités pourraient jouer un rôle important. La Municipalité, soucieuse de l’intérêt de sa population la plus pauvre, devrait, à travers son budget, avoir le souci de s’inscrire dans le combat anticapitaliste, dans une logique d’aide et de soutien à la population pour imposer des mesures d’urgence sociale et démocratique, en rupture avec les politiques libérales et la logique capitaliste.
D’abord, en donnant la parole à la population elle-même, pour qu’elle décide de ses propres choix. Ce budget, qui n’associe pas directement les cenonnais et cenonnaises est une des principales raisons de mon vote d’opposition.
Mais je voterai aussi contre ce budget pour dénoncer le cadre contraint par les politiques d’austérité et de désengagement de l’Etat dans lequel il s’inscrit, qui ne permet pas véritablement de répondre aux besoins de la population et des salariés de la commune.
Je suis en opposition radicale avec :
-  l’augmentation des taux d’imposition, qui depuis maintenant plusieurs années, aggrave la pression fiscale et pèse sur le niveau de vie des habitants de la commune.
-  la maîtrise des dépenses de fonctionnement, c’est-à-dire en premier lieu le blocage des salaires des employés territoriaux. Il est urgent de revaloriser massivement les salaires !
-  le recours trop important aux contrats non-titulaires et autres contrats aidés (Contrats d’avenir, contrats CAE…), à la place d’emplois publics statutaires.
-  Le recours aux délégations de service public, et en particulier le SSIG pour les centres de loisirs et le périscolaire, à la place d’une gestion publique, qui développerait des emplois publics statutaires.
-  la vidéosurveillance, hors de prix, inutile et inefficace.
-  les rythmes scolaires, nouvel emblème du désengagement de l’Etat sur les communes et d’une aggravation des inégalités entre communes, qui plus est, appliqués dans des conditions plus que critiquables du point de vue de l’amélioration des conditions d’apprentissages des élèves et des conditions de travail des enseignants.
Je voterai contre le budget 2014, parce qu’il faut une autre politique. Nationalement, et localement. Une politique de résistance à l’austérité que nous impose, après Sarkozy, le gouvernement Hollande-Valls. Il faut une autre politique, qui rompe avec les cadeaux au privé et à la finance, au profit de l’emploi public, d’une augmentation massive des salaires, de la reconstruction des services publics… Une politique qui encourage l’organisation et les luttes de la population, des salariés, des jeunes, des privés de droits, pour imposer un contrôle de la population sur l’économie pour une autre répartition des richesses.

Régime indemnitaire :
On souhaiterait un régime indemnitaire mieux réparti entre les filières et aussi entre les différents grades, ce qui permettrait de resserrer les différences de revenus entre les revenus les plus élevés et les plus bas.
Ce régime est critiquable, puisqu’il n’intègre pas les primes au salaire et donc au calcul de la retraite, il pourrait donc être utilisé à plus de justice entre les revenus des agents.

Délégation au Maire pour le recrutement d’agents non-titulaires :

Je comprends bien qu’on ne peut attendre les délibérations du conseil municipal lorsqu’il s’agit de remplacer un agent malade. Ça se discute davantage dans le cas d’emplois saisonniers qui peuvent être prévus à l’avance. C’est en tout cas un recours à la précarité et qui plus est, à la discrétion du maire.
Je pense que la fonction publique territoriale devrait avoir, comme d’autres fonctions publiques, des contingents de titulaires remplaçants qui évitent le recours à l’emploi précaire et qu’il faudrait se battre pour l’obtenir.

Publié le 28 avril 2014